1521, après une forte expansion dans l’Asie du Sud, les Espagnols connaissent une sévère défaite dans les iles au sud de Luçon. Magellan, le célèbre explorateur ibérique, meurt un jour d’avril dans une bataille qui fera la fierté du peuple philippin. Face à lui, le grand guerrier Lapulapu, ne souhaitant pas voir son village disparaître a su maîtriser la bataille très rapidement. Mais comment s’est déroulé le combat ? Comment une série d’erreurs ont-elles fait tomber le célèbre explorateur ? Partons à la découverte du passé en décortiquant la bataille de Mactan.
La bataille de Mactan, un récit national
Avant de parler de la bataille, il va falloir contextualiser un peu. Magellan, suivant la route sensée l’emmener aux iles Moluques, fit une halte sur l’île d’Homonhon pour saluer son ami et nouvel allié le Rajah Kolambu. Ensemble, ils partirent pour l’île de Cebu pour tenter une alliance avec le Rajah Humabon, le roi de cette région des Visayan. Ce dernier, en preuve d’amitié, demanda à toutes les tribus de son territoire de fournir des vivres aux navires du célèbre explorateur. Néanmoins, si tous se plièrent à la demande du roi, un village de l’île de Mactan n’accepta pas la demande : celui du chef Datu Lapulapu.
Le Rajah Humabon proposa alors à ses nouveaux alliés d’aller déloger le chef récalcitrant. Voyant ici une opportunité de renforcer les liens d’amitié avec le roi, Magellan accepta. Jugeant la tribu primitive, l’explorateur s’entoura d’une centaine d’hommes lourdement armés dans sa quête de conquête de l’île. Trois heures avant l’aube, au matin du 27 avril 1521, un message est envoyé à la tribu leur proposant une reddition immédiate. Au matin, ayant reçu une réponse négative de la part de la tribu du Lapulapu, Magellan envoya ses hommes pour entamer une bataille qui lui semblait gagnée d’avance.
Au cœur de la bataille contre le Lapulapu
Ne pouvant débarquer sur l’île à cause des rochers et des coraux environnants, les arbalétriers et les mousquetaires restèrent à flot. Les épéistes, eux, se dirigèrent à pied vers le village. Une cinquantaine d’hommes débarquèrent alors sur les berges de Mactan. Ils trouvèrent face à eux plus de 1000 indigènes armés de lance en bambou, d’arc et de longue épée. Rapidement encerclées et dans l’incapacité de faire demi-tour, les forces espagnoles essayèrent de se battre en vain. Sur les barques les mousquets tonnèrent sans pouvoir atteindre le moindre ennemi. Sur terre, la bataille était perdue d’avance. Dans l’espoir de faire peur aux indigènes, Magellan demanda à ce que le feu soit mis aux huttes des locaux. Malheureusement, cette décision ne fit qu’enrager les habitants qui redoublèrent d’efforts dans leurs attaques.
Tandis que ses troupes se faisaient massacrer, l’explorateur fut blessé à la jambe par une longue épée tribale. Il reçut une lance de bambou dans le bras et une flèche empoisonnée vint se planter dans son autre jambe. Après plusieurs minutes de bataille, les troupes espagnoles furent vaincues. Enfin, l’explorateur fut tué et les survivants repartirent en direction de Cebu.
De nombreuses légendes suivirent
Aujourd’hui, considéré comme le premier héros philippin, l’histoire de Lapulapu perdure au fil des siècles. En effet, des spectacles de la bataille sont encore aujourd’hui organisés sur l’île de Mactan. Avec la notoriété, viennent les légendes. De nombreuses histoires ont vu le jour sur l’île.
L’une des plus connues est que le Lapulapu ne serait jamais mort. En effet, celui-ci se serait transformé en pierre et protégerait depuis lors les mers entourant Mactan. De nos jours, les pêcheurs demandent encore la permission de pêcher sur le territoire du héros. Ces derniers jettent des pierres spéciales à la mer avant de prendre le large.
Enfin, Une autre légende veut que la statue érigée au centre de la ville de Lapu-Lapu ait des propriétés protectrices. En effet, celle-ci originellement équipée d’une arbalète, était placée devant l’ancien hôtel de ville. Après les morts successives par crise cardiaque de trois maires corrompus, celle-ci fut équipée d’une épée et la mairie fut déplacée.